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Hommage de la Nation prononcé par le Premier Ministre dans la cours de Invalides

 Chef de bataillon BOITEUX, Alors que nos forces armées, à cette heure où je prends la parole, poursuivent leur intervention au Mali, c’est la Nation tout entière qui s’est ici rassemblée, dans la cour d’honneur des Invalides, pour vous rendre un hommage solennel.
 
Hommage à votre engagement, celui d’une vie consacrée à la défense de notre pays. Cet engagement est allé jusqu’au sacrifice ultime.
Nous ne l’oublierons pas.
Hommage aussi au courage exceptionnel dont vous avez fait preuve. Jusqu’à votre dernier souffle, vous n’avez ménagé aucun effort pour mener votre mission à bien et protéger votre équipage, malgré votre blessure et le feu ennemi.
 
A travers vous, c’est à l’ensemble de nos forces, et singulièrement à celles qui sont actuellement engagées au Mali, que nous rendons hommage. La République, fière de ses soldats, est aujourd’hui en deuil.
 
Chef de bataillon BOITEUX,
 
Né le 24 novembre 1971, vous n’aviez pas vingt ans lorsque vous vous êtes engagé à l’école nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent. Vous gardiez de votre enfance un rêve, celui de piloter des hélicoptères. Grâce à vos résultats, vous l’avez réalisé, en intégrant l’ALAT, l’aviation légère de l’armée de Terre.
 
Breveté pilote, vous êtes d’abord affecté au 1er régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg.
Vous distinguant très vite comme un pilote hors pair, bientôt chef de bord d’hélicoptère d’attaque, vous retrouvez en 2000 l’école d’application de l’aviation légère de l’armée de Terre de Dax, en qualité de moniteur.
Vous excellez dans cette fonction.
De 2000 à 2005, année de votre retour en régiment, l’instructeur que vous êtes marque par sa personnalité et son enseignement plusieurs classes d’élèves-pilotes.
Je sais qu’un certain nombre d’entre eux sont venus aujourd’hui. Tous évoquent vos grandes qualités de pilote, votre talent de pédagogue, mais aussi votre bonne humeur.
 
Depuis 2005 au 6e régiment d’hélicoptères de combat de Margny-lès-Compiègne, vous êtes sélectionné en 2007 pour rejoindre le détachement de l’aviation légère de l’armée de Terre des opérations spéciales, le DAOS, basé à Pau, qui deviendra en 2009 le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales.
Là encore, vous vous illustrez par votre grande connaissance de la machine et par des qualités tactiques remarquables.
En 2008, vous devenez officier. Pilote de Gazelle particulièrement aguerri, spécialiste des interventions en milieu désertique, vous êtes un élément-moteur des forces spéciales.
 
Au cours des 22 années que vous avez passées dans l’armée de Terre, au service de la France, vous avez effectué de nombreuses missions extérieures.
Je pense à Djibouti en 1993, puis à nouveau en 2008 et 2009. Je pense aussi à l’ex-Yougoslavie en 1998, à la République de Côte d’Ivoire en 2005, 2007 et 2009.
Je pense encore à la Mauritanie en 2010, ainsi qu’au Burkina Faso en 2010, 2011 et 2012.
Au cours de ces missions, vous vous êtes plusieurs fois distingué, comme en attestent votre médaille d’outre-mer avec agrafe « République de Côte d’Ivoire », votre citation à l’ordre du 3 régiment, avec attribution de la médaille d’or de la défense nationale avec étoile de bronze, agrafe « aviation légère » et « missions d’assistance extérieure ».
 
Le 11 janvier 2013 – vendredi –, vous étiez engagé lors de la première phase de l’opération Serval. Depuis plusieurs mois, des groupes terroristes occupaient le Nord Mali, terrorisant les populations, et faisant peser une menace grave sur la stabilité de l’État malien comme sur la sécurité du contexte régional, et notamment de la France.
Devant l’évolution rapide et incontrôlée de la situation, le Président de la République, chef des armées, a pris la décision d’une intervention française, en appui des forces maliennes, pour stopper l’avancée de ces groupes vers le Sud du Mali.
 
C’est dans le cadre de cet engagement, dont les premières heures ont été particulièrement dures, que vous êtes mortellement blessé.
 
Vous êtes alors, au cœur de l’intervention, aux commandes de votre appareil, au plus près des combattants des groupes terroristes.
Dans des conditions héroïques, vous parvenez à vous éloigner et à ramener en lieu sûr votre coéquipier ainsi que l’appareil, avant de succomber à vos blessures.
Malgré la douleur, vous n’aviez qu’une pensée : préserver la vie de votre camarade et mener votre mission à son terme.
 
Jusqu’au bout, vous avez fait preuve d’un courage et d’un sang-froid qui forcent l’admiration de tous et font honneur à nos pilotes, comme à l’ensemble de nos armées.
Au nom du gouvernement, je vous exprime mon plus profond respect.
En vous rendant hommage, c’est tout un pays qui est fier de vous. Par ce sacrifice suprême, vous entrez aujourd’hui dans tous les foyers de France et, j’en suis sûr, dans le cœur de nos amis maliens.
 
Chef de bataillon BOITEUX,
 
Au nom du Président de la République, chef des armées, je tiens à exprimer à votre famille la solidarité de la Nation.
En cet instant, mes pensées vont à vos proches, et tout particulièrement à Valérie, votre compagne et à Lucas, votre fils.
Je pense aussi à vos parents, Marie-Claire et Alphonse, conscients de l’engagement de leurs deux fils militaires prêts à risquer leur vie au service de la France.
 
Au-delà du deuil, que tous soient rassemblés dans la fierté de l’exemple que vous offrez. Cette lumière ne s’éteindra jamais.
 
Car dans l’émotion qui nous rassemble, il y a aussi ces leçons de vie que vous nous laissez en partage – et je pense notamment à tous ceux que vous avez formés, instruits et entraînés –, comme il y a la détermination sans faille d’un pays, la France, à lutter contre les groupes terroristes qui la menacent, où qu’ils se trouvent. C’est plus que jamais le sens de l’intervention française aux côtés des forces maliennes. Et c’était le sens de votre engagement, qui restera un modèle pour nous tous.

Lors de cette émouvante cérémonie, de très importantes délégations représentant  toutes les unités de l'ALAT était présentes. De très nombreux vétérans de la région parisienne et de toute la France avaient fait le déplacement malgré une météo menaçante. Le drapeau de l'UNA-ALAT porté par Francis Beaulier et celui du groupement Ouest porté par Michel Bertin étaient sur les rangs.

 

Notons aussi l'importante représentation de la communauté malienne, du ministre des affaires étrangères du Mali et de nombreux représentant de diverses nations dont l'ambassadeur des Etats-Unis.

Article paru dans l'Est Républicain de la région du Haut Doubs.

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