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"C'est quoi la Latte" ?

Par JJ Chevallier 2010

Que celui à qui l'on n'a jamais posé la question sous cette forme me jette la première pierre pour oser la formuler ainsi.
On m'a même glissé au creux de l'oreille d'appeler cette page l'ALAT pour le Nuls... 
J'ai trop le respect de nos visiteurs pour commettre cette offense.

Trêve de plaisanterie il faut bien expliquer à nos amis sans véritable culture militaire, que l'Armée de Terre a sa propre aviation. "Ben oui depuis que le service national a disparu, cette culture n'est plus vraiment entretenue".  Donc depuis la seconde guerre mondiale, il y a des "biffins"* volants. D'ailleurs avant que l'aviation du début, ne devienne l'Armée de l'Air (1934), c'étaient des officiers, sous officiers et "poilus" de l'Armée de Terre qui entretenaient et pilotaient les avions.

* Appellation affectueuse des militaires de l'Armée de Terre par les "gonfleurs d'hélice" de l'Armée de l'Air.

La question est posée :
"Pourquoi l'Armée de terre a-t-elle eu besoin d'aéronefs ?"

 

La réponse s'impose :
"Pour observer les mouvements adverses ... et ça c'était au tout début il y a ... plus de 2 siècles en 1794,  puis pour régler les tirs d'artillerie, ensuite pour lui donner une aéromobilité et aujourd'hui pour donner une troisième dimension au combat, l'aérocombat." 

Si vous avez quelques souvenirs de vos cours d'histoire, vous vous souvenez de Pilâtre de Rozier et du marquis d'Arlande, les premiers aéronautes des frères Montgolfier. Cette merveilleuse invention au XVIIème siècle, n'échappa pas aux militaires de l'époque c'est ainsi qu'à la bataille de Fleurus contre les autrichiens en 1794, on voit la première utilisation militaire d'un ballon d'observation. Le capitaine Coutelle à bord de l'Entreprenant peut ainsi observer le dispositif des coalisés. Ainsi commençait la gestation de l'ALAT.

En dehors de l'époque napoléonienne, Napoléon n'y croyant pas, les Compagnies d'Aérostiers furent utilisées à de très nombreuses reprises par la suite, et particulièrement pendant le premier conflit mondial et ce, jusqu'à la seconde guerre mondiale en France en 1939 et 40. L'un des premiers "grands chefs" de l'ALAT, le colonel Berthelot avait été breveté Aérostier en 1938.
 

Durant la première guerre mondiale l'aviation prit son essor tout d'abord comme moyen d'observation puis rapidement elle participa au combats. Comme dit plus haut elle était servie par des officiers, sous-officiers et soldats de l'armée de Terre. Cette aviation des premiers temps devint l'armée de l'air en 1934.

Durant la seconde partie de la deuxième guerre mondiale, les américains utilisèrent des avions d'observation d'artillerie. A partir de 1943, les unités françaises, telle la 2ème Division Blindée du général Leclerc, furent équipées sur le modèle américain et reçurent des Piper. Plus tard en Indochine l'Armée de l'Air récupéra ce rôle sous le nom d'ALOA (aviation légère d'observation d'artillerie) mais avec du personnel mixte Armée de Terre et Armée de l'Air. C'est à cette époque que les premiers hélicoptères, utilisés pour évacuer les blessés, font leur apparition.

 

A la fin du conflit indochinois, l'Armée de Terre récupèrera le matériel. C'est ainsi que fin 1954, fut crée l'ALAT. Un accouchement chaotique et douloureux qui réussit grâce à la ténacité et à l'ardeur de ses pères.

J'ai beaucoup synthétisé, pour plus d'infos sur cette création allez donc lire les Archives, vous verrez que la naissance de l'ALAT est due à l'opiniâtreté de quelques officiers tels les Colonel Lejay et Razy. Et surtout lisez le livre du général André Martini "l'Histoire de l'ALAT" tiré de sa thèse de doctorat d'histoire.

Durant le conflit algérien les hélicoptères se multiplièrent. Les plus petits, Djinn, Bell-47 et Alouette II servaient, pour les reconnaissances, les évacuations sanitaires, de PC volant, les liaisons, les RAV (reconnaissance à vue.) Les lourds, H-19 et H-21, la "Banane", permettaient surtout d'évacuer les blessés, d'emporter du fret mais aussi des soldats. Ce sont des chefs comme le colonel Bigeard et un aviateur le commandant Sagot, qui, remarquant la flexibilité d'emploi de ces appareils, utilisèrent les hélicos, pour déplacer leurs "pions" stratégiques avec une grande souplesse et une grande rapidité sur un terrain dont la configuration géographique n'était pas propice à des manœuvres motorisées très souples. D'autres, dont le colonel Brunet de l'Armée de l'Air, un grand ami de Bigeard, eurent l'idée d'armer les hélicoptères, ainsi naissait le "Mammouth", un Sikorsky équipé d'un canon de 20mm à la portière cargo et 2 mitrailleuses en sabord. Les marins sous la houlette du capitaine de corvette, Rabot, ont eux aussi leur H-19 armé avec un canon de 20 et un lance bombes. Cet armement se fait très discrètement à ses début, en cachette des états-majors car à l'époque, toute innovation qui ne venait pas du haut de la pyramide de commandement était à proscrire. Il y avait surtout des enjeux de "chapelles", chaque armée voulant préserver ses prérogatives. Ce sont de véritables "bricolages maison" qui armèrent les premières machines, ça avait la mérite de fonctionner et surtout celui d'avoir fini par faire évoluer les esprits.

Au fil des années l'ALAT perdit ses avions, moins souples d'emploi, pour finir par n'avoir plus que des hélicoptères, à l'exception d'une quinzaine d'avions dédiés au transport d'autorités et aux liaisons rapides.
 

Aujourd'hui c'est l'ALAT de quatrième génération qui est devenue une arme à part entière, moins volumineuse depuis la chute du pacte de Varsovie. Elle n'en demeure pas moins d'une importance vitale pour les missions incombant à l'Armée de Terre. Le concept d'aéromobilité des années soixante dix, basé sur le risque d'un conflit Est-Ouest et équipé de machines dont la conception initiale n'était pas orientée vers une utilisation militaire, a laissé la place à l'aérocombat. Puma et Gazelle qui étaient le fer de lance de l'aéromobilité ont été développés, à l'origine, pour un usage civil. On a souvent entendu dire que l'Armée de terre faisait la guerre avec un hélico en plastique, en parlant des Gazelles, l'image était grossière, mais si l'on se souvient du conflit dans le Golf en 1991. Il fallu très vite blinder certaines parties pour protéger l'équipage des coups direct infligés par les Irakiens.

Avec le nouveau concept d'aérocombat les machines sont pensées "combat" dès le premier coup de crayon du bureau d'étude. Dans les mois qui viennent, tous les hélicoptères seront armés, ceux dont la mission est de combattre bien entendu, mais aussi les hélicos de transport et ceux d'observation afin d'assurer leur propre sécurité rapprochée.

 

Déployé en Afghanistan depuis juillet 2009, le puissant Tigre, a prouvé dès ses premières missions de combat combien il est redoutable. Technologiquement à la pointe des dernières applications dans tous les domaines, électronique, informatique, optronique, avionique, motorisation et armement, c'est un appareil très redouté de ses adversaires. Les fantassins anglais et américains aiment à dire "never without my Apache", jamais sans mes Apache (l'hélico de combat US), aujourd'hui nos camarades combattants français eux aussi disent "jamais sans mes Tigre". Nous avons tous en mémoire la dramatique embuscade du 18 août 2008 dans la vallée d'Uzbeen au nord-est de Surobi et de la FOB Tora. Une patrouille de Tigre en accompagnement aurait changé l'ordre des choses. Malheureusement à cette époque le Tigre armé n'était pas encore opérationnel, il était livré depuis quelques mois seulement. Il est d'ailleurs remarquable de voir qu'en l'espace de 18 mois l'ALAT à pris en compte ses nouvelles machines et s'est engagée au combat avec. En général un nouveau matériel aussi sophistiqué, met environ trois ans avant de devenir opérationnel. Cette performance a deux raisons : la première est liée à l'hélicoptère très achevé, dès la livraison des premières machines; la seconde c'est le très grand professionnalisme des militaires de l'ALAT qui se sont investis nuit et jour et même les week-end, pour gagner les délais afin de pouvoir utiliser très vite cette puissante machine de guerre au combat.

Dans ma jeunesse, la plaisanterie "l'ALAT c'est l'aéroclub de l'Armée de Terre" faisait sourire, elle fâchait les grands chefs mais nous les "petits gars" on se marrait.

De 1945 à 1962 l'Aviation Légère d'Observation d'Artillerie puis l'ALAT furent en guerre. On s'engageait dans l'ALAT sans même un certificat d'étude et un an après on était sous-officier pilote. Aujourd'hui rares sont les engagés qui ont seulement le Bac. Une chose n'a pas changé pourtant, c'est l'esprit des "Alatmen" passionnés par leurs métiers, ils se sont toujours "défoncés" pour que ça fonctionne et nous les vétérans, nous sommes très heureux de constater que c'est toujours ainsi. Malgré des contraintes budgétaires toujours revues à la baisse, ils font avec ce qu'ils ont et en plus il le font très bien. Nous sommes dépassés par ces matériels, plus sophistiqués que le dernier né des Airbus ou des Boeing.

Un badin (indicateur de vitesse dans la masse d'air), un compte tours, un variomètre (indicateur de vitesse verticale), un compas (pas radio), un indicateur de température de l'huile, et une bille (indicateur de l'équilibrage des forces centripète et centrifuge), c'était le tableau de bord du Piper des années 50. Les pilotes de l'époque faisaient déjà du bon travail avec, car ils avaient la "pêche" et savaient se servir de leurs modestes avions en toile pour repérer l'ennemi, baliser une embuscade, régler un tir d'artillerie, guider la chasse, ou tout simplement livrer le courrier à un détachement isolé en opération.

C'est ça l'ALAT : des Hommes* et de merveilleuses Machines**.

*Il ya aussi des femmes mais il faut prendre ce mot dans son sens le plus large, désolé mesdames.
**Les aviateurs ont des zincs, des trapanelles, des tagazous, des lampes à souder etc. dans l'ALAT on a des Machines.

PLus d'informations sur l'ALAT actuelle :

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