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Rubrique à Braque...

Chaque trimestre on retrouvera ici les anecdotes

pleines d'humour, de notre ami Pierre-Yves,

illustrées par  Yves Lebec...

CELLULE D’AVION  ET TACHE D’HUILE  SUSPECTES !

1969,  Lille Lesquin, lors d’un calme après-midi dominical, un civil se présente au poste de sécurité du 2°GALAT. Visiblement, il est très en colère et demande au chef de poste à être reçu par le chef de corps. Comme c’est le week-end, l’autorité présente est le sous-officier de permanence qui, prévenu vient à la rencontre du visiteur. La conversation s’engage ce qui donne à peu près ceci : « bonjour ! Je souhaite rencontrer votre Chef !  Car je suis venu aujourd’hui pour voler avec mon avion et je viens de découvrir  qu’il a été gravement détérioré  !!! » Le sous-officier  répond : « bonjour ! Aujourd’hui  le représentant du Commandant c’est moi ! C’est quoi cette histoire ? de quel avion s’agit-il ??? Le civil, contenant toujours sa colère dit alors:« venez avec moi je vais vous montrer ! » et accompagnés du chef de poste, les voila partis à l’autre bout de la base où,  à côté des installations militaires, se trouvent deux hangars civils jumelés Bonneau.

Dans le premier hangar, il y a des aéronefs. Dans le second, une moitié de la place est occupée par des containers et des véhicules,  l’autre moitié par deux avions recouverts d’une bonne couche de poussière, et qui,  visiblement semblent oubliés. Celui de gauche est un vieux bimoteur De  Havilland, qui, saisi par la Douane après une affaire de fraude est  entreposé là et abandonné depuis des années. L’autre ressemble étrangement à un Piper Tripacer, enfin ce qu’il en reste…c'est-à-dire une cellule penchant légèrement sur le côté, portes grandes ouvertes, cannibalisée de ses instruments de bord, d’une partie de ses sièges ainsi que de ses ceintures de sécurité. Sous l’avion à cette allure minable, une grande tache d’huile achève de donner à ce tableau, dans la pénombre du hangar une note de tristesse infinie. Le propriétaire, retenant un sanglot (dépeindre l’expression de son visage serait malvenu !..), dit en le montrant d’un doigt tremblant d’émotion et de colère : « c’est celui-là mon avion !je l’ai garé là depuis quelques mois en attendant une autre place, regardez dans quel état je le retrouve !!!».

 Un retour en arrière est nécessaire, car voila en fait ce qui s’est passé.  Au mess, à l’occasion d’un pot auquel  était invité le nouveau responsable de l’aéroport civil,  des pilotes et des mécaniciens, profitant de cette rencontre, lui avaient  demandé s’ils leur étaient possibles de récupérer « quelques pièces !.. » sur le matériel entreposé dans ce hangar. Le nouveau Directeur, pas très au courant de ce qui  y était remisé et pensant qu’il s’agissait en fait de l’épave du De Havilland donna son accord et les jours suivants la curée commença…c’est ainsi que l’on vit rapidement sur le parking de la base certains tableaux de bord de voitures être équipés d’altimètre, de variomètre, de badin, etc... ! Il y eu même un mécanicien  bricoleur qui avait remplacé le siège de sa berline par celui du Tripacer encore muni de sa ceinture aéro de sécurité ! Quant aux roues de ce dernier, si elles étaient encore en place, ce n’était plus pour très longtemps, certains personnels du Service auto lorgnaient dessus afin de s’en servir dans la confection d’un kart !...

 

Finalement, cette anecdote aussi drôle que rocambolesque se termina ainsi ; le lundi matin, après avoir eu le compte-rendu du sous-officier, le Commandant, profitant de la cérémonie des couleurs, s’adressa au  GALAT au complet et donna l’ordre (sans rire !..),aux pirates…de restituer au plus tôt tous les matériels phagocytés, ce qui fût fait les jours suivants un peu à contrecœur  mais sans faillir !

 

Le propriétaire de l’avion quant à lui, fût rassuré  et il retrouva un sourire radieux en apprenant qu’une équipe de mécaniciens compétents allaient  rééquiper  discrètement son Tripat et le restaurer comme il n’avait jamais été auparavant, lui permettant de plus, après une VP gratos, de retrouver une jeunesse inespérée.

 

Aux dernières nouvelles, après vérification, ce pilote-propriétaire ne fait pas encore partie de l’UNAALAT ! 

Sens fragile de l’humour… ou ingratitude crasse?...

                                                                                             BRQ                                                        

 
 
 

LA MARINE VOUS MANQUE ?

 Quelques  conseils… aux membres d’équipages et personnels de l’ALAT ayant embarqué sur les bâtiments de la Marine nationale

Après une dernière mission, vous avez quitté le bord, et riche de votre expérience dans l’ALAT embarquée, êtes rentrés chez vous. Victime d’un sérieux coup de blues, nostalgique, vous vous demandez comment peut-on vivre ailleurs que sur un bateau ??? Votre épouse s’en inquiète. Alors, voici quelques solutions pratiques pour recréer chez vous, cette ambiance si particulière qui vous manque et que vous avez connue à bord des bâtiments de la ’’Royale’’.

-/Installez une étagère (160x30) de façon aléatoire au dessus de votre armoire et une échelle droite pour y accéder. Etalez-y votre sac de couchage que vous choisirez trop petit.

-/Supprimez la porte de votre chambre et remplacez-la par un rideau trop court. Le soir, laissez la  lumière du couloir allumée après avoir recouvert l’ampoule d’un tissu rouge.

-/Faites tourner votre tondeuse à gazon 24h/24 (le ralenti suffira) dans votre salon pour recréer un niveau sonore régulier et acceptable.

-/Quatre heures après être allé vous coucher, demandez à votre épouse ou compagne, d'écarter brusquement le rideau, vous sortant ainsi sans vergogne de votre premier sommeil, et de vous braquer une puissante lampe torche à 10 cm du visage en vous annonçant de la voix froide et faussement gênée du marin de quart: « Désolé, je me suis trompé de cabine… ! ».

-/Si vous êtes victime d’insomnies persistantes, n’hésitez pas, privilège du chef, à déclencher  un exercice de sécurité incendie en y impliquant votre femme et vos enfants. De la qualité de leurs réactions dépendra la quiétude de votre sommeil les nuits suivantes. Dans ce but, les  entrainer à courir aussi vite que possible vers le jardin avec le tuyau d'arrosage est un bon exercice, qu’il ne faut pas  hésiter à leur faire recommencer autant de fois que nécessaire.



 

-/Un petit conseil pour faire plaisir à votre épouse. Offrez-lui un klaxon de supporter de foot. Grâce à cet équipement, elle saura déclencher au moment opportun et à bout portant… un très réaliste *poste de combat* nocturne qui vous ôtera provisoirement toute envie de ronfler. Levez-vous et installez vous devant le lave vaisselle puis rendez compte : « Lave vaisselle complet ! ». Restez cool… en attendant que votre femme annonce « Rompre du poste de combat ! ».

 

-/ Disposez quelques obstacles contondants dans les couloirs (coursives !) de votre logement. Avec l’habitude vous éviterez avec aisance bosses à la tête et chausse-trappes ; vous pourrez même, avec un bon entraînement, vous sentant mieux dans votre élément, circuler dans le noir, en silence et en sécurité.

 

-/ N’importe quand au cours de la nuit, dans un vieux fauteuil défoncé, installez-vous devant votre  téléviseur et, tout en avalant un long sandwich rempli de poulet froid, de saucisson à l’ail et d’œufs durs, surveillez si par hasard ? L’heure de décollage de votre pontée s’affiche enfin Au  *plan-oper* !

 

-/Régulièrement, jetez votre chien dans la baignoire remplie d’eau froide et criez : « Un homme à la mer ! ». Vérifiez que chaque membre de la famille applique  rapidement les consignes prévues en telle circonstance. Expliquer auparavant cet exercice à l’animal n’est pas indispensable ! Car de toute façon, même s’il vous écoute et vous fait confiance, il se vengera en vous aboyant une bordée d’insultes…

 

-/Lorsque vous êtes énervé, courez dans la cuisine, jetez quelques assiettes et plats par terre, et justifiez cette action à votre épouse navrée en lui expliquant pourquoi son arrimage « gros temps » dans le hangar  hélico n'est pas du tout satisfaisant. Votre compagne saura sûrement trouver les mots justes pour vous calmer…

 

-/Comme il n’y a pas de solution satisfaisante pour simuler les mouvements de plate-forme, profitez des fêtes bien arrosées pour recréer cette ambiance, mais n’en abusez pas.

 

Si, après un mois de ce régime, vous en redemandez encore, il semble sage de consulter au plus vite… vous devez avoir un petit problème !

Sinon, faites-vous une raison, malgré une nostalgie bien compréhensible, vous n’êtes plus à bord !                                                                                                                

                                                                                                                                                 BRQ                      

«  Science sans conscience n’est que ruine de l’âme… »
Approbation sans réserve…d’une bande de dauphins !

Il y a quelques années, convoques  pour la séance annuelle de tir canon, des  équipages  Puma ont rejoint  le pas de tir de la renardière, à Saint-Mandrier. Le site est composé de plusieurs bâtiments, d’une  petite tour de contrôle et, d’une plateforme servant d‘aire de poser au Puma-canon ; Il y stationne  entre chaque rotation  pour changer d’équipage et  compléter les munitions. L’ensemble de l’infrastructure, répartie sur des terrasses en gradins, fait face à la mer.
Vers le large, à plusieurs  centaines de mètres, une cible flottante immobile est installée. Constituée de fûts reliés entre eux et fixés sur  une plateforme, elle  est surmontée d’un fanion d’identification. L’exercice  se passe toujours de la même façon, l’hélicoptère décolle, s’éloigne vers l’Ouest et, se positionnant en décrivant un hippodrome, longeant la falaise, revient face à l’Est,  son canon tourné vers  la mer, pouvant ainsi à chaque passe tirer sur la cible lorsqu’elle est acquise par le travers.
Ce jour là, comme souvent, quelques membres d’équipages attendant leur tour, sont installés dans la vigie de contrôle. Ils suivent  au télescope binoculaire le déroulement et les résultats des tirs. C’est alors qu’un des observateurs a le regard attiré par un  scintillant remue-ménage  autour de la cible ! En effet, des dauphins, non conscients du danger… viennent d’arriver, investissant la zone et, se délectant des poissons mis en charpie par les premières salves d’obus, font la  « fiesta.. !» en cassant la croûte à qui mieux-mieux… ! 

A ce moment et à notre grande surprise, malgré nos protestations et la proposition d’une mesure dilatoire pour donner le temps aux intrus de dégager la zone, prétextant les horaires à respecter  absolument, le directeur des tirs, inflexible, décide de faire continuer ceux-ci sans attendre!!! Nous sommes atterrés et  impuissants face à cette malheureuse décision qui conduira à coup sûr au carnage inévitable de ces joyeux et innocents  delphinidés !
Ainsi, c’est le cœur gros que nous voyons le Puma redécoller, s’éloigner, puis revenir, se présentant  pour reprendre  l’entraînement…et  là ..! Miracle ???, nous entendons à la radio, pile au moment ou les premières rafales doivent être lâchées : « incident de tir !!! » le canon reste alors muet  et le pilote remet les gaz pour effectuer un nouveau passage qui, comme le premier, sera encore perturbé par le même incident … l’hélicoptère se repose  donc  et, le tireur  et l’électronicien  s’affairent un peu… rapidement… pour résoudre au  mieux …cette  panne inopportune… ; Soulagés, nous évitons de regarder la tête  du directeur de la séance car avons du mal à cacher nos sourires… finalement, lorsque le Puma repart, ouf ! Les dauphins, repus, rigolards et …intuitifs ? Ont déserté  la zone !
On ne saura jamais si cela fut le fruit du hasard ? Un incident technique réel ?  La décision du chef de bord ?  Une chose est certaine ; ce massacre inconsidéré n’eût pas lieu  et, bien que chacun puisse  interpréter cette histoire à sa façon, il aurait été juste, dans cette période à l’approche de Noël, que l’équipage se voit offrir des entrées gratuites  pour  Marineland ! Mais, les ingrats rescapés,  dans leur fuite insouciante, oublièrent de donner  les tickets !!! 

   BRQ

Une tonne d’ennuis… *Horresco  referens…

Cela se passe dans le cadre de l’instruction  au cours des capitaines(CPOS), dans la région sud de Stetten (FFA). Ce jour là, je planche comme commandant d’escadrille HM composée de deux patrouilles de « Puma », je suis dans la première. Avec les fantassins du 110ème RI. Les héliportages se déroulent comme prévu, méthodiques, précis, rapides, efficaces, bref comme les équipages HM de l’ALAT le font régulièrement…

Pourtant, un jour, tout ce bel ordonnancement faillit mal tourner ! Cette fois là, je suis avec mon Puma, posé dans le fond étroit d’un talweg. J’attends l’ordre de décollage pour un nouvel héliportage imminent. Sur le flanc gauche de cette petite vallée, une route qui nous surplombe monte doucement vers le col. C’est alors que nous voyons un convoi de quelques véhicules emprunter cette voie et à un moment, la P4 qui est en serre-file, tractant une tonne à eau s’arrête sur la pente. L’équipage en descend et se dirige vers l’arrière du véhicule. Intrigués, nous observons ce qu’ils vont faire ? A notre grande surprise les deux soldats entreprennent de dételer la citerne… !  (Raison inconnue ?) Après plusieurs tentatives ils y parviennent et là ! Mauvais film, comme elle est pleine, entrainée par son poids, elle leur échappe car ils n’arrivent pas à la retenir ! Dans un premier temps, avec mon pilote nous sourions à la naïveté de cette manip, car bien sûr la citerne, enfin libre…heureuse…retenue mais sans succès, accélère, caracole dans la descente… !

En fait, très vite notre sourire passe rapidement au rictus puis à la grimace ! En effet, la remorque a changé soudainement de trajectoire…plein badin, elle quitte la route, saute un fossé, enfonce une haie, démonte une clôture, et rebondissant de plus en plus violemment ! Se dirige droit vers nous … ! (elle n’avait pas apprécié nos rires…et voulait se venger c’est sûr… !)

Nous sommes piégés, le Puma, moteurs au ralenti  est «scotché» au sol, il est trop tard pour dégager. Nous voyons ainsi le bolide grossir inexorablement, menaçant, bondissant tel un animal sauvage dont l’impact sur notre machine fera plus de dégâts qu’un moustique sur le pare-brise…sans parler de l’équipage…en une seconde je me décide : n’ayant pas le temps d’en choisir un, je m’adresse à tous les Saints du ciel en même temps afin qu’ils nous tirent de ce mauvais pas… coup de bol ! Il y en avait un sur la fréquence !!! Et un bon…il intervient donc immédiatement. Aussi sec ! La citerne cogne une pierre, rebondit, fait une dernière cabriole, se retourne et comme une bête blessée, dans un grand cri d’essieux tordus s’écrase sur le dos, à quelques mètres de notre SA330, morte ! Se vidant de son eau par l’hémorragie de son robinet ; les roues s’arrêtant de tourner dans un dernier spasme ; Ouf ..! 

Durant un  instant c’est d’abord le grand silence, puis, la vie reprenant le dessus, le top de décollage étant donné, nous quittons vite cette zone inconfortable…Pendant le vol, j’imagine le compte-rendu du style « j’ai l’honneur de vous (…) de la collision avec une tonne à eau  ‘’tombée… ‘’ sur le Puma FM.BUT !! » Je dois avouer que malgré son sens de l’humour, il n’est pas certain que mon chef de corps aurait apprécié…mettez-vous à sa place, il ne buvait que de l’eau et n’aimait pas le gâchis !

*Je frémi en le racontant !

BRQ

                                                                                                                               

Le Général met la pression !


Il a quelques années,  affecté au 2èm GALAT, je suis désigné pour transporter un Général  appartenant à l’état-major de la région Militaire de Lille au camp de manœuvre de Sissonne, oû il doit  inspecter des troupes.

Lorsque nous sommes Installés dans la machine, j’effectue la mise en route de l’hélicoptère.Très attentif, mon pax me regarde faire la check-list et, je sens son regard curieux peser sur mes actions... La mise en route terminée, afin de contrôler dans l’ordre les indications des instruments, d’une main experte et sûre…(ne souriez pas!.) je parcours méthodiquement le panneau des voyants comme enseigné à Dax, le balayant de gauche à droite et de haut en bas, mes doigts léchant les cadrans tour à tour.

Contrôlant le dernier de ceux-ci, celui qui indique la pression d’huile, je constate que son aiguille reste bloquée sur zéro !…le Général qui suivait la procédure regarde, surpris, étonné, inquiet peut-être.. ? car il a vu le problème !…et imagine sûrement  les conséquences pour la suite de la mission ! Avec le flegme que mes parents m’ont légués, après un regard qui se veut rassurant vers mon passager, de l’index replié je tape un peu sur le carreau du cadran (ah ! ce sacré dosage..merci mes monits ! ) et, oh ! miracle, conséquence de la technique de pointe si chère à l’ALAT, l’aiguille décolle de sa position et rejoint sa place normale...!              

Je vois alors mon Général, aussi estomaqué que rassuré,  jeter sur moi un regard aussi admiratif que reconnaissant…et esquisser un petit sourire .Nous décollons enfin et rejoignons Sissonne et  là, l’anecdote prend toute sa saveur . Mais, vous n’allez peut-être pas me croire, et pourtant… !

En fait, durant l’inspection, j’ai du me poser et redécoller plusieurs fois, aussi, à chaque remise en route, mon VIP guettait l’aiguille qui bien sûr restait toujours collée sur zéro ! du regard il m’interrogeait alors, puis, prenant une initiative que son haut rang lui permettait…(devait-il le croire ?).et  avec mon accord discret et complice…il tapait doucement à ma place sur le carreau. A sa grande satisfaction, à chaque fois, « gagné », l’aiguille rejoignait son emplacement !car le Général aussi avait du doigté (eh oui..pas de raison !) il affichait alors un grand sourire, visiblement  ravi, pleinement conscient  de participer à la mise en œuvre si délicate de ma machine…j’ai ainsi ressenti chez lui beaucoup de fierté  et un bonheur profond à m’assister dans ce dur métier  de pilote-hélico…(oui-oui !..)

La mission terminée, pendant le vol du retour, mon passager afficha une réelle satisfaction, probablement due à l’inspection qui fût satisfaisante ou...? pourquoi pas aussi, à cause de la maitrise d'une aiguille capricieuse ? Si je ne l’ai jamais su, j’en ai une petite idée...!
 

BRQ

Façon originale de mouiller sa combinaison de vol…         

Octobre 1965, le stage 3 PH est presqu’arrivé au milieu de sa progression. Il est prévu à ce stade de faire quelques séances sur BELL 47 G2 équipé de flotteurs. Cette instruction, particulièrement appréciée de tous, se déroule sur l’étang de Soustons. Au menu du jour : tours de piste, autorotations,  pannes et maitrise du déplacement sur l’eau en aquaplaning. Ce jour là, depuis le matin, les vols se sont déroulés sans problème et, après la pose et un agréable déjeuner Landais (sans boudins…), pris dans un restaurant local, les rotations reprennent. C’est mon tour, et, décollant de la prairie faisant fonction de parking, je rejoins mon axe de travail sur le lac pour effectuer la séance particulièrement attrayante des autorotations terminées sur l’eau. Celle-ci ne durera pas longtemps ! En effet, à la première présentation, le moniteur me dit : « il faut faire attention, car lorsqu’il n’y a pas de vent,  il n’y a ni rides, ni vaguelettes  à la surface de l’eau et, le plus difficile est alors d’évaluer la hauteur du flare ! Suivez-moi aux commandes, je vous montre la première! »   
Et voila c’est parti ; moteur réduit, PG en bas, le vario accuse rapidement un sérieux taux négatif que le poids des flotteurs s’ingénie, avec succès, à accentuer fortement… ,de fait, je trouve que le plan d’eau arrive bien vite…et d’ailleurs, si seul j’avais les manettes, je crois bien que je débuterais le flare maintenant…mais, bon ! Le moniteur attend, il a donc ses raisons ! N’empêche, je trouve qu’on est vachement bas !...Celui-ci  entame maintenant   la valse à quatre temps : « Flai…aire ! premi…! » Et là, braoum !!! Un  drôle de  bruit et une bonne secousse, comme si nous avions percuté du béton car le rotor de queue, tube de garde inefficace,  vient de pénétrer  dans l’eau !  Comme au cirque, lorsqu’un numéro est manqué, on recommence… : « vous voyez, ce n’est pas évident, allez, on en refait une ! ». Je regarde donc vers l’arrière pour assurer la sécurité avant de repartir car plusieurs machines déboulent sur leurs axes de travail, et là, je découvre les dégâts. Bien qu’à la BTP la goupille de cisaillement ait rempli sa fonction, tous les paliers ont lâché et l’arbre de transmission ondule gaiment tout le long de la poutre, jusqu’au boitier de transmission  arrière en faisant  la danse de Saint-Guy, quant aux pales, elles n’ont pas apprécié d’avoir servi d’hélice et se tordent de douleur…nous arrêtons donc le moteur.  
Voila, on pourrait croire que c’est fini pour la journée…et bien non ! Le vent, qui  jusque là était absent se lève maintenant et, soufflant sur l’hélicoptère immobilisé sur son*splash point*au milieu du lac, lui fait prendre de plus en plus de  vitesse, le dirigeant dangereusement vers la berge opposée… avec le nouveau risque de la percuter et de détériorer aussi  le rotor principal   ! Il faut réagir vite…le chef de brigade (Lt HTX) ayant suivi  la scène, vient alors se positionner entre la berge et la machine, et avec le souffle de son rotor, retient le Bell en le repoussant, contre le vent,  vers le milieu du lac. Puis nous voyons arriver dans une barque de pécheurs, à grands coups de rames, deux stagiaires : le Lt BBY, des pompiers de Paris et PUX ; ce dernier, acrobatiquement et malgré la poisse du nuage d’embruns soulevé par le souffle, à l’aide d’une corde, réussi à établir le lien entre la machine en vol stationnaire  et celle qui est immobilisée sur l’eau.
Ainsi, on peut observer maintenant un petit train se formant de la façon suivante : le Bell ‘’tracteur’’ avec sur son flotteur droit un stagiaire(?) qui tient un bout de la corde, au bout de laquelle, PUX en équilibre précaire sur le flotteur droit de l’hélico remorqué, tient l’autre bout! Enfin, à la queue, accroché  et se cramponnant au tube de garde, se laissant tracter dans la barque, l’officier de la Sécurité Civile. Dans la machine, le moniteur assure la liaison radio. Quant à moi, j’essaye de me rendre utile en faisant croire que je sais manier une rame…Finalement, ce convoi spectaculaire regagne petit pas, petit badin… le bord du lac sous le regard amusé d’un groupe de badauds qui s’esclaffent et applaudissent !!! Car ils ont tout suivi depuis le début, de ce spectacle inhabituel ! (Précision, les costumes n’étaient pas de Roger Harth, ni la mise en scène de Donald Caldwell !)
Le lendemain, n’ayant toujours  pas fait ma séance, j’ai eu droit à un tour gratuit…Avec MAX, un autre moniteur, (j’ai cru comprendre que le mien(LCH), était en train de rédiger son compte-rendu pour avoir des points… ?), et là, croyez-moi  sur parole, au moment du flare, bien que chaussant du 41, je vous l’affirme, mes pieds faisaient du 36 !

BRQ
 

Le plus mauvais…*

Il y a déjà quelques années…, au début d’un stage pilote avion à L’ESALAT, la phase base se  termine, le moment si attendu des premiers lâchers commence enfin ! Il fait beau : pas un poil de vent pour  nous enquiquiner…En tour de piste on peut voir plusieurs L18 qui tournent dans le circuit. Régulièrement un appareil s’arrête sur le côté. Le "môoniteur" descend et l’élève décolle pour la première fois seul…instant d’ivresse !!!
Une quinzaine de stagiaires, nous sommes répartis le long de la piste entre les balises. Certains sont assis, d’autres attendant leur tour, sont debout. Tous, nous regardons attentivement (et moqueurs…) les copains qui en  bavent à  courir après leurs  paramètres…et les deux alpha… ! Tout à coup un appareil qui vient enfin de se poser après plusieurs remises de gaz se désaxe de la piste et fonce droit sur nous !
moment de panique dans le groupe, mais l’avion bien maitrisé par l’instructeur s’arrête pile devant nous, le moteur au ralenti, la porte s’abaisse et le moniteur se penchant à l’extérieur nous hurle d’une voix qui couvre le bruit du moteur !: «qui est le plus mauvais* du stage ??? » nous nous regardons, hésitants , la question était délicate…car étions plusieurs à penser remplir les conditions…: « je repose la question…vite..qui… ????: » Quand faut y aller, faut y aller, un de nous se décide. : « je crois que c’est moi mon adjudant ! » le moniteur lui demande alors, : « quand vous êtes trop long trois fois de suite, que faites-vous ? »: « ben..heu..ben… (là il se jette à l’eau ! et tentant le tout pour le tout il risque le coup de poker. .) ben..ben..heuheu..je réduis plus tôt…. !?!?! » Alors, l’’instructeur, appliquant une méthode pédago bien connue.. assène du poing un grand coup sur le casque de son élève qui doit voir de ce fait quelques étoiles de plus sur son tableau de bord !et, comme maintenant le casque est de travers, mettant la main en porte-voix, il lui hurle dans l’oreille : «  vous voyez, c’est le plus mauvais du stage et pourtant lui il sait…. !!! »… La dessus, réalignement sur la piste et remise de gaz. Au sol, pendant que le stagiaire questionné  récupère de son effort , nous en profitons pour bien rigoler sur le compte de l’ autre…qui se présente bientôt en finale et se pose cette fois en début de piste. C’est maintenant gagné et son moniteur le lâche enfin. C’était un beau jour du mois de Mai, en ce temps aussi la pédago c’était balaise…..  


* je ne suis plus sûr de cette appellation….chacun peut donc mettre celle qui lui convient le plus…. !

BRQ

Kaiserstyle…au  CISALAT ! Ad augusta per angusta*

« il y a... quelques années... »

 

Après avoir signé mon engagement dans l’ALAT comme candidat pilote, je débarque en gare de Nancy ( train de 14h32…) un 1er mars et  rallie  le CISALAT rempli du fol espoir de rejoindre rapidement la 3ème dimension !!!
Durant les premières semaines d’instruction, les seuls avions que je vois sont  de belles photos dans le bureau du Capitaine…pourtant, titulaire du brevet de pilote avion obtenu dans mon aéro-club, je suis persuadé que me faire breveter rapidement dans l’ALAT ,(qui, cela me semble évident , n’attend plus que moi…) sera une simple formalité ! Errare humanum est ! Très vite je découvre un drôle d’univers dans lequel se passent des choses qui me déconcertent un peu et semblent un tantinet incohérentes…Par exemple, dés les premiers jours, on nous met la ‘boule à Z..’ce qui ne me surprend pas alors que par la suite on nous fait étudier et tracer des chevelus !!!
Bref, les classes continuent et un beau matin, le rassemblement étant sifflé,  dans la précipitation je ne sais pas comment je me débrouille mais je rejoins le groupe en retard…et là !!!!mauvais film. Mon chef de section fixe de son regard d’acier le bas de mon treillis. Il faut savoir que ce sous-Officier remarquable jouit d’une solide réputation de militaire. Originaire à ce qui se dit, de l’outre-Rhin, après  avoir servi dans la Légion Etrangère, il instruit maintenant les jeunes engagés d’une poigne de fer ne laissant aucune place à l’amateurisme….petite moustache bien taillée, cheveux en coupe au carré ,il a un gabarit impressionnant et s’exprime avec un fort accent germanique.
Dans les rangs je ne bouge pas, essayant de me faire oublier !pourtant la voix du chef claque comme un coup de canon !et il me désigne d’un doigt raidi par une sorte de fureur…la conversation… s’engage ! : « fous ! »… « oui chef ! »….« fienne ici morpionne !» (sic)...« oui chef ! »je sors des rangs et me fige devant lui au garde à vous , mort de trouille.. ! qu’ai-je fait ?..« affez-vous autorisatchionne echpéttssiale pour porter guettres sales … ??? »….« non chef.. ! »( il devait rester un tout- tout petit peu de terre dessus, suite au crapahut de la veille à Malzéville))« fouiit jours !fous aurez fouiit jours ! pessiff ! à Molitor.. ! »( caserne de Nancy oû se trouventles cellules…) Je ne dis pas que mon sang se glace, vu que j’ai l’impression de ne plus en avoir du tout… sur le moment je vacille et j’ai la nausée.., je m’imagine disputant un bout de pain sec et une carafe d’eau au rats qui vont sûrement profiter de mon abattement pour danser sur ma paillasse et me narguer.. mais surtout, je vois mon brevet de pilote ALAT s’évanouir et rejoindre le néant  telle la mésaventure survenue à Icare…Après tant d’espoir, de marches, de tirs, de biffe sous toutes les formes, bref tous les exercices qui forment le pilote ALAT ‘ type’ ( humour… !) dur- dur ! je trouve que c’est vraiment trop bête de me distinguer de la sorte…
Pourtant finalement  cela se termine bien , une corvée de patates sera la seule sanction  car en réalité si le ‘’chef ‘’a une forte voix..il a aussi bon cœur !et je passe au travers de la ‘cata’ me promettant désormais d’astiquer tout particulièrement ces annexes US de godillots…et puis quelques jours plus tard, sans doute histoire de nous faire marcher un peu plus, nous percevons des rangers…bien plus faciles à entretenir...et dont l’axe de lacets me replonge enfin dans l’ambiance ‘aéro’dont je rêvais.. ! 

*à des résultats grandioses…par des voies étroites…

BRQ

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