Général Armand Leroy

Eloge funèbre par le Lcl Guy Fonteneau, Saint Raphaël, ND de la Victoire, le 17 mars 2003

Mon Général,

Vous êtes né à Ploërmel, dans le Morbihan en 1921 dans une caserne de Gendarmerie où votre père, gendarme à cheval venait de rejoindre pour la première fois de sa carrière, la Métropole après 7 ans d'Indochine.

Orphelin de mère à 5 ans, vous avez été élevé ainsi que vos deux sœurs jumelles par votre père toujours en service, dans un milieu militaire où la rigueur, la discipline et la disponibilité étaient les normes.

Instruit jusqu'au Certificat d’Études Primaire à l'école de la République dans le culte de la morale et de l'amour de la Patrie, vous rentrez en 5° en 1933 au Prytanée Militaire de La Flèche.

Votre père prend sa retraite la même année après 25 ans de service. Il décédera brutalement en juin 1939 laissant trois enfants.

A la déclaration de guerre de 1939 vous parvenez à convaincre votre tuteur de vous laisser vous engager au Dépôt d'Artillerie Hippomobile du Quartier Foch, à Vannes.

Vous projetez d'y suivre le Peloton d'élèves Gradés pour, plus tard, entrer à l’École d'Officiers d'Artillerie de Poitiers. Votre commandant de batterie en décide autrement et vous donne l'ordre de suivre les cours du peloton d'élève Officiers de Réserve.

En mars 1940 devant l'avancée des troupes allemandes, L’École quitte Fontainebleau pour Poitiers, puis pour la région de Limoges. Vous êtes alors affecté comme Aspirant au 72° RA à Dun-sur-Auron dans le Cher.

En février 1941 les conditions d'armistice ne vous permettent plus de rester sous les drapeaux, votre classe d'âge n'ayant pas été appelée. Pour ne pas être obligé de retourner en zone occupée vous demandez votre admission dans les Chantiers de Jeunesse, mais vous êtes affecté au Centre de Démobilisation de Châteauroux où vous vous occupez du retour à la vie civile de centaines de démobilisés.

Vous demandez sans succès à servir en Extrême Orient, mais êtes enfin affecté aux Chantiers de Jeunesse.
En mai 1944, en permission en Bretagne, vous êtes contacté par la Résistance que vous rejoignez le 6 juin. Vous participez aux côtés des américains à la libération de Pontivy puis vous retrouvez commandant de la 18° compagnie du 3° Bataillon FFI après le départ des cadres plus anciens.

Les Américains recherchent alors un artilleur français. Vous vous retrouvez donc provisoirement commandant de la 1° Batterie FFI du Morbihan, équipée de matériel allemand récupéré. Vous faites alors partie du 10° RA appartenant à la 18° DI mise sur pied à partir des éléments FFI de Bretagne.

Vous débarquez à Saïgon le 21 avril 1947 et rejoignez à Tourane le 3° Groupe du 41° RAC. Vous y commencez une carrière d'observateur en avion sur Morane 500 au cours de l'opération Marcel.

En juillet vous êtes à Haïphong avec votre section d'interprétation. Vous participez à de nombreuses opérations et êtes victime de deux accidents sans gravité de Junker 52 dans la même journée. Vous volez au Tonkin sur tous les types d'appareils de l'Armée de l'Air et le l'Aéronavale.

Affecté au 2° Bureau, vous êtes chargé d'effectuer la synthèse des renseignements sur le Viet-Minh.
En septembre 1948 vous êtes affecté à Nam Dinh à la 1° batterie du RACM, équipé de matériel US datant de la 2° guerre mondiale. Vous participez encore à de nombreuses opérations et en mars 1949 vous passez votre Brevet de Parachutiste en vue d'une opération qui finalement n'aura pas lieu.

Vous rentrez en France en octobre 1949 et êtes affecté à la Compagnie administrative Régionale N° 3 à Rennes pour la durée de votre congé de fin de campagne. Moins d'un mois après votre retour, vous faites la connaissance d'une fort agréable jeune fille que vous épousez le 3 mars 1950 avant de partir avec elle pour le Maroc le 21 mars.

Vous êtes affecté au Groupe d'Aviation d'Observation d'Artillerie N° 3 à Fès. Après 6 mois d'errance de chambre d'hôtel en chambre meublée, l'attribution du 1° logement militaire de la famille Le Roy vous permet d'accueillir votre premier enfant le 11 février 1951.

Promu Capitaine le 1° octobre, vous prenez le commandement de l'Unité Administrative du GAOA.

En mai 1952 vous suivez le cours des commandants de Batterie d'Artillerie sol-sol dans les camps de Champagne.

De retour au Maroc, au cours d'une manœuvre dans le Moyen Atlas, le Morane dans lequel vous avez pris place effectue un décollage difficile, heurte une ligne téléphonique et se pose sur le ventre en bout de piste. Plus de peur que de mal. La situation politique se dégrade au Maroc. Madame Le Roy rentre en France et vous la rejoignez pour la naissance de votre deuxième fils le 10 juin 1953.

Vous êtes rappelé au Maroc au moment de la déposition du Sultan et vous y ramenez votre famille en octobre.

Nouvel et dernier accident de Morane au cours d'une simulation d'attaque d'aviation de chasse. Le pilote et vous êtes indemnes, mais à peine avez-vous le temps de vous éloigner que votre avion prend feu.

Le 10 juillet 1954 vous rentrez en France, affecté au GH 1 qui est en charge de la formation des pilotes hélicoptère de l'Armée de Terre.

En 1955 vous effectuez votre stage de pilote avion à l’École de Spécialisation de l'Aviation Légère d'Observation d'Artillerie de Mayence, en Allemagne.
Vous êtes breveté Observateur Pilote Avion.

Rentré au GH 1, vous suivez les cours de formation de pilote hélicoptère et vous êtes breveté début 1956. Le GH1 devient École d'Application de l'ALAT. Votre famille habite successivement la Bretagne, Chalon, Paris XVIII°, et Versailles avant d'obtenir un logement militaire en juillet 1957 au moment où l’École d'Application de l'ALAT est transférée à Sidi Bel Abbes. Voue êtes tout de même présent en Métropole pour la naissance de votre fille à Saint-Mandé le 19 octobre 1957.

Vous participez à plusieurs opérations en Algérie, effectuant notamment de nombreux héliportages.

Le 2 mai 1958 vous êtes désigné pour mettre sur pied et commander le Peloton ALAT de l'EAA à Châlons sur Marne.

Vous êtes promu Chef d'Escadron le 1° octobre 1960. Le 1° décembre vous êtes affecté de nouveau en Algérie au Groupement ALAT 105 à Alger. Vous y assurez la responsabilité de tous les Pelotons avions et hélicoptères du Sud, ce qui, à votre grande satisfaction, vous éloigne souvent d'Alger.

En août 1961 vous êtes affecté au Commandement de l'ALAT à Paris et prenez la direction du Bureau Études chargé de la mise sur pied des GALDIV et GALCA. Ces responsabilités vous amènent à effectuer des voyages d'étude et d'échange aux États Unis, en Grande Bretagne et en Allemagne, et vous permet de participer à la définition du futur hélicoptère Puma SA 330.

Début 1965 vous suivez le cours des Officiers Supérieurs d'Artillerie.

Promu Lieutenant Colonel le 1° juillet 1965, vous prenez le commandement du Groupe ALAT de la 3° Division à Baden Oos. En 1966 le GALDIV 3 emménage à Fribourg.

En novembre 1967 vous êtes Chef d’État Major de l'Artillerie de la 3° Division, toujours à Fribourg.

En juillet 1969 vous prenez le commandement de l’École d'Application de l'ALAT installée eu Cannet des Maures depuis son retour d'Algérie.

Vous êtes promu Colonel le 1° octobre 1969. Votre expérience militaire et aéronautique vous permet d'imprimer votre marque à la formation des pilotes tant en vol tactique qu'en vol aux instruments.

Vous avez la satisfaction de voir arriver les premiers Pumas à la conception desquels vous avez largement participé lors de votre passage au Bureau Études.

En novembre 1970 vous suivez le cours des Colonels d'Artillerie, puis vous effectuez, dans votre École, votre transformation sur Puma, avec la conscience et l'application d'un parfait stagiaire. Profondément humain et toujours près de vos subordonnés que vous vous attachez à connaître personnellement, vous ne négligez pas l'instruction et la promotion sociale des appelés du contingent qui sont sous vos ordres.

Affecté le 1° septembre 1973 au Groupement ALAT 104 à Aix les Miles, vous avez alors sous vos ordres, au plan technique, toutes les Unités ALAT au sud de la ligne Poitiers-Besançon.

En février 1976 vous êtes affecté au Commandement de l'ALAT à Villacoublay, comme Colonel adjoint au Général COMALAT. Vous êtes particulièrement chargé du personnel, de la gestion des effectifs, de l'encadrement des Unités, de la prévision des mutations des Officiers et des Sous-Officiers.

Le 12 juillet 1978, nommé Général de Brigade, vous faites vos " Adieux aux Armes " au cours d'une Prise d'Armes à l’École d'Application de l'ALAT, après 39 ans de service et 4000 heures de vol.

Vous êtes

  • Commandeur de la Légion d'Honneur
  • Commandeur le l'Ordre National du Mérite
  • Titulaire de la Croix de Guerre 39/45,
  • de la Croix de Guerre des T.O.E. avec 4 citations
  • de la Croix de la Valeur Militaire
  • de la Médaille de l'Aéronautique.

Vous avez surtout gagné le respect, l'estime et l'amitié de tous ceux qui vous ont connu, qui ont eu la chance de vous avoir comme collaborateur ou qui ont eu l'honneur de servir sous vos ordres.

En leur nom à tous, mon Général, je vous salue une dernière fois.