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Eloge funèbre du GCA Georges Baffeleuf prononcé par le GCA de Monchy le 9 janvier 2014

Mon général,

 

Votre famille, vos jeunes camarades d’active autour du général commandant l’ALAT, les anciens commandants de l’ALAT, la délégation du 1er RHC avec son chef de corps, les vétérans de l’UNAALAT et leurs drapeaux, vos amis sont réunis autour de vous pour vous rendre un dernier hommage et un ultime adieu .

Nous sommes venus en nombre pour vous témoigner notre profond respect et l’affection que nous portons au passionné de l’aéronautique terrestre que vous avez été. Vous étiez né sous une bonne étoile, comme vous aimiez le souligner vous-même, puisque votre parcours ALAT vous a permis d’exercer des responsabilités importantes dans le domaine des matériels, que votre formation scientifique vous faisait affectionner, mais surtout dans les expérimentations tactiques qui ont abouti à la création de la division aéromobile, événement majeur pour l’armée de terre.

Admis à St Cyr à 19 ans, vous choisissez de servir dans l’artillerie, mais vous avez la chance d’avoir votre premier contact avec l’ALAT dès votre début de carrière et, pratiquement dès sa création.

En effet, en juillet 1954, le 40 ème groupe du 80 RA de Nancy, que vous aviez choisi a la sortie de l’école d’application, devant partir en Indochine, deux Piper lui sont affectés et pour vous, c’est la découverte de la troisième dimension. L’expérience s’arrête là, car le départ pour l’Indochine est annulé, mais vous demandez à effectuer le stage pilote.

Vous rejoignez Finthen, près de Mayence, pour le stage pilote avion, dont le président était le Colonel Gervais qui nous a quittés il y a peu de temps. Qualifié pilote avion, brevet n° 113, votre première affectation ALAT au GALAT 7 à Satory, dure une semaine. C’est l’Algérie qui vous attend au peloton avions de la 120 DI à Tlemcen. Vous êtes cité à l’ordre de la division lorsque votre appareil est sévèrement touché par des tirs rebelles le 6 décembre 1956.

Mais là encore, votre séjour est de courte durée, car vous avez la chance d’être désigné pour le premier stage de moniteur avion à Challes-les-Eaux en mai 1957, avec celui qui vous passera les commandes du GALCA 1 de Phalsbourg en 1976, le Colonel Lartigue. Après une période de perfectionnement à Saint-Yan (voltige et vol sans visibilité sur Stampe SV4), vous regagnez Finthen en 1957 pour préparer le déménagement de l’école sur Dax en 1958. Vous vivez une période extraordinaire pour un lieutenant , expérience qui va se prolonger jusqu’en 1960, avec la création des escadrons avions et hélicoptères à Dax, la création des stages montagne à Saillagouse, l’arrivée des N3202 et N3400 !

Les quatre années suivantes, consacrées au cycle du Brevet Technique, vous valent une affectation au GEALAT de Satory, qui devient Groupement ALAT de la STAT sous le commandement du LCL Cannet, qui nous a quittés en janvier 2013, avant de déménager à Valence en 1966. Diplômé de Ecole Nationale Supérieure des Pétroles et Moteurs, puis qualifié Ingénieur Navigant d’Essais hélicoptères après deux années à Istres, vous vivrez trois années passionnantes à expérimenter les équipements du Puma Sa 330 (radar détecteur d’obstacles, tenue de poste, train automoteur, caméras de télévision bas niveau), dont rien ne reste aujourd’hui sinon le valeureux Puma, ainsi que le premier HAP, le WG 13 qui ne déboucha pas…

Après ces années fastes, ce fut une longue traversée du désert hors ALAT : ESG, 70ème RAD (Drones R 20 - n’étiez-vous pas un précurseur ? )- EMAT Emploi, avant de prendre en 1976 la succession du COL Lartigue au GALCA1, devenu 1er RHC en 1977. Deux années de plénitude où de nombreux samedis matin au plafond bas furent mis à profit pour maintenir vos qualifications au vol sans visibilité au plus haut niveau avec un capitaine commandant d’escadrille Puma que je connais bien.

Puis nouveau séjour hors ALAT qui s’annonçait comme définitif : EM 1ère Armée à Strasbourg, CHEM/IHEDN, puis affectation à la 11ème DMT comme adjoint en 1981, puis directeur de l’Ecole Supérieure des ORSEM en 1982. Mais une fois de plus, la chance vous sourit, dites-vous. Ne serait-ce pas plutôt votre justesse de vue qui a décidé de votre avenir ?

En 1981, Charles Hernu, ministre de la défense, veut disposer d’une force coup de poing projetable sur un théâtre d’opérations extérieur. Le général Delaunay, CEMAT, opposé aux vues du ministre, avant de donner sa démission en 1983, vous demande votre avis sur l’expérimentation d’une force d’hélicoptères anti-char et vous lui soumettrez votre réponse manuscrite le jour de Noël 1982. Vous proposez de mener une expérimentation au niveau de la 1ère Armée et ce sont vos propositions qui seront retenues par le CEMAT et le cabinet du ministre. Vous rejoindrez Nancy pour prendre le premier commandement de la BAE en aout 1983 avec une petite équipe d’officiers et de sous-officiers dont le dévouement, l’enthousiasme et la compétence ont contribué à la réussite de l’expérimentation.

Le 30 mars 1984 , appelé à devenir le nouveau COMALAT, vous quittez la direction de l’expérimentation sous les projecteurs de l’actualité , les généraux gouverneurs de l’Est de Llamby, Multon et Simon présents à votre départ et saluant dans un ordre du jour des plus élogieux l’excellence des résultats obtenus.

COMALAT sera votre dernier poste ALAT, période intense pour l’ALAT avec la création de la 4ème division aéromobile le 1er juillet 1985 .Votre passage au COMALAT sera marqué par une amélioration significative des relations avec l’EMAT : dans un contexte tendu, car tout le monde dans l’armée de terre ne voyait pas d’un bon œil cette évolution de l’ALAT, vous avez personnellement joué un rôle éminent dans cette amélioration, par votre engagement et vos talents de persuasion et de conviction. Vous écriviez, en quittant ce commandement , qu’il avait été le plus passionnant car assumant toutes les responsabilités, et que vous restiez convaincu que la création de la division aéromobile avait été un événement majeur pour l’ALAT : pour la première fois en effet dans l’histoire de l’ALAT et même de l’Armée de Terre , les structures avaient été en avance sur les matériels et ce sont bien celles-là qui permettaient d’engager des hélicoptères au maximum de leurs capacités techniques.

Vous terminerez votre carrière à la tête du prestigieux Commandement des Ecoles de l’Armée de Terre où , pendant quatre ans, de 1987 à 1991, vous veillerez sur les écoles de DAX et du Luc en Provence .

Vous restez fidèle à l’ALAT en devenant le deuxième président de l’UNAALAT à la suite du Général RAZY. En effet, conscient de l’importance de fédérer les vétérans, le COMALAT, en la personne du général Cannet, a créé cet étendard remis au général RAZY le 2 avril 1981 et à vous-même le 10 octobre 1992. Après neuf années à la tête de l’UNAALAT, vous décidez de passer le flambeau au général de Reviers le 13 mai 1998, pour vous consacrer entièrement à votre épouse Nicole, à votre sport favori le golf et diverses autres activités .

Mon général, vous avez apporté plus que votre pierre à l’édifice que vous avait laissé vos anciens grâce à l’expérience accumulée en Algérie, en école, dans les organismes d’expérimentations, les unités et les hauts états-majors, et votre chance vous l’avez partagée avec l’ALAT. Ceux qui vous ont servi de près garderont gravé le souvenir d’un homme souriant, chaleureux, fin, toujours calme et maître de soi quelles que soient les circonstances. Vos compagnons qui n’oublieront pas l’impulsion et la ténacité que vous avez montrées pour donner sa dimension à l’ALAT et l’aérocombat d’aujourd’hui, servis par une vision à long terme, une capacité à convaincre hors du commun et une manière fulgurante de présenter ses idées.

Au nom de toute l’ALAT, de ceux qui vous ont connu et apprécié, aimé, je vous exprime notre immense reconnaissance pour les services que vous avez rendus.

Que Ste Barbe et Ste Clotilde vous accompagnent dans le repos éternel.

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